Entretien avec Loïc Jaegert-Huber, directeur régional d’ENGIE Afrique du Nord

Pouvez-vous nous parler de ce que fait ENGIE au Maroc ?

Depuis plus d’un siècle, ENGIE est actif au Royaume du Maroc. Le groupe conçoit et développe des solutions pour répondre aux nouveaux enjeux énergétiques, climatiques et environnementaux du pays.

 

Les avantages compétitifs et le potentiel du pays sont considérables en termes d’énergies renouvelables et d’hydrogène renouvelable et ses molécules dérivées.

 

ENGIE s’inscrit également dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable 2030 ainsi que le plan d’urgence déployé par le Royaume face aux effets du stress hydrique, sous l’impulsion éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et ce pour répondre aux défis urgents de l’approvisionnement en eau et de l’agriculture dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des ressources.

À travers des initiatives telles que l’usine de dessalement de Dakhla, notre objectif est de contribuer modestement mais significativement aux objectifs économiques et sociaux du gouvernement marocain. Cette usine est conçue pour produire 37 millions de mètres cubes d’eau potable par an, soit 112,000 m3 / jour, répondant ainsi aux besoins croissants en eau dans la région, tout en soutenant le développement agricole local en irriguant environ 5 000 hectares de terres arides.

 

Les industries sont concernées par les sujets de décarbonation pour des enjeux de développement durable mais aussi de compétitivité, quelle est aujourd’hui la situation au Maroc ?

Concernant la décarbonation des industries marocaines, le Maroc peut transformer la menace du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) de l’Union européenne en opportunité.

 

Il est vrai que cela peut paraître contre-intuitif, mais les entreprises doivent avant tout voir le MACF comme une opportunité pour faire de leur décarbonation un levier d’attractivité et de compétitivité, tout en renforçant leurs stratégies d’exportation. Ce dispositif doit également inciter le Maroc à décarboner son économie, ce qui va permettre de renforcer sa croissance économique, son attractivité, et donc sa souveraineté. Ces changements profonds vont créer des emplois tout au long de la chaîne de valeur et favoriser le développement économique régional. Le Royaume pourrait même gagner des parts de marché et développer ses partenariats commerciaux en se positionnant comme un hub incontournable entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe.

 

ENGIE a d’ailleurs le savoir-faire pour soutenir ces efforts, en proposant des solutions durables, innovantes et adaptées à tous les besoins, et ce sur l’ensemble de la chaîne de valeur grâce à son approche systémique.

 

Le gouvernement a d’ores et déjà évoqué des projets d’alimentation des zones industrielles en énergies renouvelables afin de décarboner l’industrie et accompagner les exportateurs marocains dans ces nouvelles réglementations. À cela, il faut ajouter la mise en place de certains dispositifs de financement visant à accompagner les petites et moyennes entreprises dans leurs projets de décarbonation.

 

Le Maroc aurait également un fort potentiel dans une filière d’avenir : l’hydrogène vert. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

L’hydrogène vert, qui cristallise actuellement toutes les attentions, est produit par électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables.

 

Après avoir été stocké et transporté, l’hydrogène renouvelable et ses e-molécules dérivées pourraient répondre au défi de la décarbonisation, par exemple en décarbonant les transports, ou en stockant de l’électricité et en l’injectant dans les réseaux (Power to Gas). L’hydrogène renouvelable pourrait ainsi jouer un rôle clé dans l’atteinte de la neutralité carbone, à la fois en remplaçant progressivement les combustibles fossiles et en compensant l’intermittence des énergies renouvelables.

 

Le Maroc dispose d’un énorme potentiel pour l’hydrogène renouvelable, notamment grâce à ses avantages concurrentiels considérables en matière d’énergies renouvelables et à ses grandes réserves foncières, sans oublier sa stabilité politique.

 

D’ici 2050, le Royaume pourrait produire 10 millions de tonnes d’hydrogène vert par an et représente
jusqu’à 5 % du marché mondial.

 

Le Maroc a su saisir ces opportunités très tôt : Sa Majesté le Roi a validé dès janvier 2021 la création d’une « Offre Maroc », une feuille de route opérationnelle ambitieuse pour développer la filière hydrogène renouvelable.

 

Selon un rapport de Deloitte, l’Afrique du Nord est la région qui présente le plus fort potentiel d’hydrogène renouvelable au monde : elle pourrait représenter 40% des parts de marché à l’exportation.

 

Le Maroc pourrait également profiter de sa position stratégique pour se positionner comme un hub énergétique incontournable entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. Le pays a donc tout pour devenir un leader régional et mondial de l’hydrogène renouvelable.

Biographie

Loïc Jaegert-Huber
Directeur Régional d’ENGIE Afrique du Nord
Président de la Commission Energies propres de l’ASMEX, l’Association Marocaine des Exportateurs

 

https://www.engie.com/

Loïc Jaegert-Huber est Directeur Régional d’ENGIE Afrique du Nord et Président de la Commission Energies propres de l’ASMEX, l’Association Marocaine des Exportateurs. Loïc Jaegert-Huber a plus de 15 ans d’expérience en tant que conseiller, chef de projet et manager dans les secteurs des services publics et de l’énergie en Europe, en Asie et en Afrique. Depuis 2009, il a travaillé dans différentes entités d’ENGIE telles que ENGIE Asia-Pacific, ENGIE LNG Supply et GRDF, et a été directeur de cabinet, directeur de la communication et du marketing de Storengy. Il a également été professeur et directeur de l’Executive Education et des relations institutionnelles à l’ESSEC Business School Africa. Loïc Jaegert-Huber est Directeur Régional d’ENGIE Afrique du Nord depuis septembre 2022. Diplômé de Sciences Po Paris en sciences politiques et en management, il a été assistant de recherche à l’université de Princeton.